Médias : le DG du Giaba déplore « une mauvaise couverture » des questions de blanchiment de capitaux

Mardi 23 Septembre 2025

Peuvent encore faire mieux ! C’est en substance ce que le directeur général du Giaba espère des journalistes dans le traitement médiatique des sujets liés à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Pour le moment, le Dr Edwin Harris Jr déplore « une mauvaise couverture des questions de LBC/FT, un manque de diligence raisonnable dans l’élaboration de vos articles et, dans une certaine mesure, de la désinformation parmi les journalistes. » Pour remédier à cette faiblesse, il appelle les journalistes « à construire des partenariats solides » entre eux afin de « promouvoir un environnement plus transparent, plus sûr et plus prospère en Afrique de l’Ouest. »

 

Le patron du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment de capitaux s’exprimait à l’ouverture de la Formation régionale sur le journalisme d’investigation en matière de crimes économiques et financiers le 22 septembre 2025 à Bissau. Selon lui, si la lutte contre les « ténèbres » du blanchiment de capitaux doit être gagnée, elle le sera grâce au « phare puissant » de lumière que sont les journalistes .

 

Toutefois, des investigations journalistiques sérieuses et impactantes dans l’intérêt général des Etats et des populations se font « avec des moyens financiers », rappelle Maria Conceicao Evoria. Dans son allocution ouvrant la session de formation, la ministre bissau-guinéenne de la Communication sociale a décrit le journalisme d’investigation comme un « engagement éthique qui s’attaque à ce qui est intouchable. » Face au trop-plein d’informations en circulation, les journalistes sont contraints de rester lucides et pédagogiques pour bien appréhender « les mécanismes complexes » du blanchiment d’argent et de la corruption en général. 

 

Justino Sa, président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) de Guinée Bissau, ajoute que l’objectif de vaincre le phénomène du blanchiment de capitaux « ne peut être le travail exclusif de l’Etat et des autorités de régulation ». Il exige « courage et qualité » de la part des journalistes pour mieux comprendre les mécanismes qui caractérisent  LBC/FT dans « un monde interconnecté où les flux financiers illicites circulent dans tous les sens, fragilisant nos économies. »

 

« Le journaliste rompt le silence et expose ce qui est caché », souligne Mamadou Baldé, secrétaire d’Etat au Trésor représentant le ministre bissau-guinéen des Finances. En cela, la formation régionale de trois jours porte un enjeu stratégique, celui de se familiariser avec un « journalisme éthique et responsable » pour mieux défendre « les droits fondamentaux menacés de nos populations. » 

 

Ces menaces proviennent des vulnérabilités ouvertes par la « corruption de haut niveau », la hausse des activités liées au terrorisme, le trafic national et transfrontalier de drogue et la mauvaise volonté de certaines entités du secteur des entreprises et professions non financières désignées, souligne Edwin Harris Jr.  

 

« La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne peut être pleinement efficace sans l’implication active des médias, et en particulier » des journalistes d’investigation, « nos allies stratégiques », a indiqué le Dr. Harris. 

 

La formation régionale de trois jours initiée par le Giaba pour 40 journalistes est animée par différents experts de pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest comme le journaliste Lassine Fofana de Côte d’Ivoire, le magistrat Hermenegildo Pereira, ancien directeur de la Police judiciaire de Guinée-Bissau, l’universitaire nigériane Abigail Odozi Ogwezzy-Ndisika, Timothy Melaye, responsable principal de la communication et du plaidoyer au Giaba.

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